Accueil - À propos / Maman Marie-Claire Mayap

Histoire de maman

Marie-Claire Mayap est née en 1943 à Bayangam, un village situé dans les collines verdoyantes de l'ouest du Cameroun. Fille de Jacob Chuenmogne et de Louise Manintchap, des chrétiens très pratiquants, elle est prénommée Marie à sa naissance, comme la mère de Jésus. Un second prénom, Claire, lui sera ajouté à son baptême quelques semaines plus tard. Dès sa tendre enfance, Marie-Claire est éduquée dans la foi chrétienne qui prône l'amour du prochain.

Dans les années 1940, l’accès à l’éducation est presque uniquement réservé aux garçons dans les régions du Cameroun. C'est en assumant la tâche d'accompagner et de ramener son petit frère de l'école, que le personnel enseignant suggère à ses parents de l'y inscrire afin de lui épargner les voyages pénibles et inutiles. Fort heureusement, ces derniers accueillent positivement la proposition. C’est ainsi que Marie-Claire et son frère fréquenteront ensemble l'école Primaire de la Mission Catholique de Bayangam.

Studieuse et brillante, Marie-Claire sera une des premières filles de Bayangam à obtenir le CEPE (Certificat d’Etudes Primaires et Élémentaires), servant ainsi de modèle à plusieurs autres filles de son village natal.

Par la suite, elle poursuit ses études secondaires au très réputé collège Sainte Jeanne d'Arc de Nkongsamba. L'opportunité lui est alors offerte d’étudier la médecine en Espagne, mais elle ne la saisira pas à cause des considérations personnelles et socio-culturelles. En effet, elle est amoureuse et ses parents l’encouragent plutôt à se marier, car ils croient fermement que les femmes trop instruites, souvent appelées ''Longs Crayons'' intimident les prétendants, ce qui réduirait leurs chances de fonder une famille.

Marie-Claire met ainsi un terme à ses études et convole en juste noce en 1962 avec Michel Dzukou. Très avant-gardiste, enseignant de carrière, Michel n'a pas l’intention d’en faire une femme au foyer. Il lui propose alors d'intégrer l’Association de Laïcs Universitaires Catholiques et Missionnaires (fondation Ad Lucem) de Bandjoun, une structure sanitaire créée en 1937. Conscient du potentiel de son épouse, Michel soumet sa candidature au concours de recrutement des aides soignantes et, sans surprise, Marie-Claire réussit avec brio. Ce choix éclairé et concerté influencera de façon significative la vie personnelle et professionnelle du couple Marie et Michel.

En conseiller avisé, Michel amène sa femme à comprendre qu’avec son appui, elle pourrait à la fois atteindre ses objectifs de carriere, fonder une famille et s’épanouir sans forcément faire des études avancées de médecine. Convaincue, Marie-Claire commence sa carrière comme aide-soignante et gravira tous les échelons. Elle devient après plusieurs années de formation et d’expérience dans divers services de l’hôpital, cadre de santé et enfin membre du conseil d'administration de la fondation Ad Lucem jusqu'à sa retraite. Cette aventure palpitante durera 44 ans.

Sa foi chrétienne, le support indéfectible de son époux et des pionniers de la fondation l’aideront à maintenir sa motivation pour ce métier exigeant où il faut constamment faire attention à l'autre, être à son écoute et surtout prendre soins de son corps et de son âme.

Les médecins, ses collègues et le personnel administratif vont louer la rigueur, le dévouement, l’abnégation, la passion, l’intelligence et l’enthousiasme qui caractérisent Marie-Claire tout au long de sa carrière.

Parce qu’elle a à coeur le bien-être de son prochain, elle s'occupe des malades, devient caution pour ceux qui sont indigents, donne de son temps sans compter, engage son salaire pour sauver ses proches sans jamais manquer à ses devoirs familiaux.
Soucieuse de l'équilibre travail-famille, elle assume avec une efficacité déconcertante ses fonctions d’infirmière, d’épouse et de mère dévouée. Trois fonctions sociales qui, dans la société africaine de l'époque, semblaient plutôt incompatibles.

Les intimes l’appelaient ''Ma'a-Si'' c’est à dire ''La mère de Dieu'', un vrai reflet de son altruisme. Ainsi, la mère de Dieu ne pouvait rien refuser à personne. Résidant non loin des collèges d'enseignements secondaires et de l'hôpital, ''Ma'a-Si'' s’occupait de tous les membres de la famille éloignée qui séjournaient à l’hôpital; elle a nourri et élevé de nombreux enfants venus étudier. Elle leur a inculqué l'amour du travail et la croyance en Dieu.

Elle a inoculé à ses enfants et petits enfants, l'amour du prochain et l'art de soigner. Ceux-ci, bien outillés, ont voulu aller loin, toujours plus loin pour montrer à ''Ma'a Si'' que son sacrifice et ses enseignements valaient leur pesant d’or. De cette pépinière ont germé de nombreux médecins et professionnels de la santé.

Profondément amoureuse de son mari, Marie-Claire a su partager avec lui ses bons et moins bons moments. Michel lui a bien rendu cet amour, et l’a si bien exprimé avec une grande humilité lors de ses obsèques en ces termes :

Le jour de notre mariage, tu m’as sorti de l’orphelinat de ma mère et jusqu’aujourd’hui, tu m’as protégé de tout. Tu m’as gardé comme un ange gardien. Je n’ai jamais eu faim, je n’ai jamais eu de tiraillement avec toi pour quoi que ce soit. Aujourd’hui où le Seigneur décide de te rappeler, je le prie de t’ouvrir la porte de sa maison. Je ne t’oublierai jamais. Prie le Seigneur pour moi. Demeure en paix »

Dans la société, Marie-Claire, fonde et participe à plusieurs association de promotion de la femme. Elle est membre du conseil d'administration de la Mutuelle Communautaire de croissance en abrégé MC². Elle est bonne conseillère et consacre des heures entières à l’écoute de ses amies et collègues. Dans son voisinage, elle s’est illustrée par sa volonté de partage et la promotion du vivre ensemble. Elle encourageait les programmes d’artisanat des écoles en achetant les oeuvres lors des expositions. Elle privilégiait l’embauche des orphelins et des veuves comme berceur et berceuse de ses enfants après ses congés de maternité. Elle organisait les mariages des médecins, des infirmiers et infirmières de son hôpital, etc. Bref sa générosité était sans limite.

Dès la retraite, les méfaits du diabète, couplés à l'hypertension artérielle qu'elle couvait depuis de nombreuses années, vont apparaître et progresser rapidement. Elle résistera et luttera courageusement, soutenue par les siens et le corps médical. Malgré toute cette mobilisation, Dieu l'appellera le 09 décembre 2015.

Par sa vie, maman Marie-Claire nous a démontré qu'au delà des actions, la charité est avant tout un état de coeur

Nous savons que''Ma'a Si'' notre mère, l'épouse fidèle, la grand-mère attentionnée, la sœur aimante repose en paix, car les morts ne sont pas morts.